Dépendance Day - Vendredi, 6 Juin 2014
Le « D Day », le jour du Débarquement, n’a pas eu lieu seulement le 6 juin cette année. Le 3 juin, lors d’un Conseil des ministres exceptionnellement tenu un mardi et non un mercredi, a été présenté à la surprise générale le projet de loi relatif à « l’adaptation de la société au vieillissement ». Le fait que le texte soit officialisé le jour même de la manifestation sur les retraites, organisée à l’appel des syndicats et associations de retraités et dont l’une des revendications était justement le vote d’une loi sur la dépendance, n’est peut-être pas le fruit du hasard.
Le projet de loi présenté est le « copier-coller » de celui préparé par l’ex-ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie Michèle Delaunay. Il prévoit toujours un relèvement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour développer le maintien à domicile des personnes dépendantes, la création d’une aide publique pour favoriser l’accès aux technologies nouvelles (domotique, numérique, téléassistance) et une extension des travaux d’adaptation de l’habitat éligibles au crédit d’impôt.
Le texte instaure également une aide aux aidants : 500 euros par an et par personne octroyés pour un hébergement temporaire en structure d’accueil spécialisé pour aménager un « droit au répit » aux proches. Un dispositif d’urgence en cas d’hospitalisation de la personne dépendante serait mis en place. 78 millions d’euros seraient débloqués pour ces deux programmes, selon le dossier de presse du ministère des Affaires sociales et de la Santé.
En revanche, l’aide publique à la souscription d’une assurance dépendance est mal partie. Cette mesure doit être intégrée dans le second projet de loi sur l’autonomie qui va porter sur les maisons de retraite et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Or, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie, Laurence Rossignol, qui a remplacé Michèle Delaunay, a prévenu qu’en cas de dérapage budgétaire, le texte ne serait pas examiné.
Pas grave : seuls 18% des Français à hauts revenus comptent sur l’assurance dépendance pour financer leur perte d’autonomie, selon un sondage dévoilé le 5 juin 2014 et réalisé auprès de 243 personnes détenant un patrimoine (hors immobilier) supérieur à 100.000 euros par l’institut Think pour le compte de la convention des professionnels du patrimoine Patrimonia. La clientèle « patrimoniale » préfère l’assurance vie (56%), les produits d’épargne (52%), les complémentaires santé (41%) et l’immobilier (27%). Pire : les sondés prévoient de préparer leur dépendance en moyenne à partir de… 69 ans ! Soit beaucoup trop tard. A croire qu’ils viennent de débarquer…