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Le crowdfunding attire les foules – Lundi, 28 Juillet 2014

Le « crowdfunding », littéralement le « financement par la foule », fait des émules en France. Les fonds des particuliers collectés sur Internet ont plus que doublé en un an dans l’Hexagone, passant de 33 millions d’euros au 1er semestre 2013 à 66,4 millions d’euros au 1er semestre 2014, selon le baromètre réalisé à partir des données de 40 plateformes par CompinnoV pour le compte de l’association Financement participatif France (FPF).

D’après cette étude présentée le 24 juillet 2014, toutes les formes de crowdfunding profitent de l’engouement tricolore, y compris les modèles non lucratifs. Les dons issus du financement participatif ont atteint 19,2 millions d’euros au 1er semestre 2014, contre 10,2 millions d’euros au 1er semestre 2013. Les plateformes de crédit entre particuliers, dont le leader incontesté est Prêt d’Union, ont levé 37,4 millions d’euros durant les six premiers mois de l’année au lieu de 19,34 millions d’euros un an plus tôt. Enfin, le « crowdequity » (ou financement dans le capital d’entreprises), qui avait engrangé 3,5 millions d’euros au 1er juillet 2013, a attiré 9,8 millions d’euros au 1er juillet 2014.

Même participatif, le financement par la foule ne semble pas épargné par la crise économique. Le montant moyen des sommes collectées a tendance à baisser. Sur 12 mois, les dons moyens sont passés de 64 à 61 euros et le crowdequity de 3.769 à 2.036 euros. Seule la contribution moyenne dans les opérations de prêt rémunéré a progressé (de 3.471 euros à 6.581 euros). En réalité, la croissance exponentielle des fonds levés par les plateformes de crowdfunding au profit de particuliers, d’associations ou d’entreprises s’explique par la forte hausse du nombre de contributeurs. Ils sont désormais 350.000, soit 331.000 de plus par rapport à la même période de l’an passé. Alors, tous « crowdfunders » ?

L’épargne salariale au profit… des employeurs – Vendredi, 18 Juillet 2014

Maintes et maintes fois promise, la réforme de l’épargne salariale serait cette fois-ci belle et bien lancée. Lors de son discours d’ouverture de la 3ème conférence sociale le 7 juillet 2014, le président de la République François Hollande a appelé de ses vœux la mise en place de mesures visant à « mieux associer les cadres et les travailleurs aux résultats des entreprises ». Le lendemain, le Premier ministre Manuel Valls a demandé au Conseil d’orientation de la participation, de l’intéressement, de l’épargne salariale et de l’actionnariat salarié (Copiesas), un aéropage d’experts, de hauts fonctionnaires et de parlementaires instauré par un décret paru le 20 juin dernier, de progresser « rapidement pour nourrir la délibération que les partenaires sociaux auront sur le sujet ».

Des idées, les représentants des syndicats et du patronat n’en ont pas manqué durant la conférence sociale. Or, très paradoxalement, les préconisations semblent plus faire l’affaire des patrons que des salariés. Ainsi, les entreprises qui disposent déjà d’un dispositif d’intéressement et qui franchissent le seuil de 50 collaborateurs ne seraient plus contraintes, comme la loi le prévoit, de conclure un accord de participation. Mieux : les PME de moins de 50 salariés qui négocient pour la première fois un accord de participation ou d’intéressement bénéficieraient d’une ristourne sur le forfait social. Cette taxe supportée par les employeurs n’a cessé d’augmenter passant de 2% à sa création en 2009 à 20% aujourd’hui. Par ailleurs, le gouvernement souhaite, en droite ligne avec sa préoccupation d’améliorer le financement de l’économie, que 5% à 10% de l’encours de l’épargne salariale soient investis dans les PME.

Enfin, la prime de partage des profits devrait être abandonnée à la fin de l’année. Plus connue sous l’appellation de « prime Sarkozy », elle oblige les entreprises de plus de 50 salariés dont le dividende est en hausse de verser un supplément à la participation ou à l’intéressement. Sa suppression a été évoquée dès la 1ère conférence sociale organisée en 2012. Il faut dire qu’avec des « profits » en baisse, le « partage » est de moins en moins généreux. Selon les dernières données publiées le 15 juillet par le ministère du Travail, le montant global de la prime a atteint 340 millions d’euros en 2012, contre 403 millions d’euros en 2011.

Impôts : au tour des classes moyennes – Lundi, 14 Juillet 2014

C’est promis, juré : les classes moyennes vont voir leur impôt sur le revenu baisser en 2015, a annoncé le 8 juillet 2014 Manuel Valls lors de son discours de clôture de la grande conférence sociale. Un coup de pouce fiscal a bien été octroyé dernièrement, mais il a concerné uniquement les ménages modestes.

Dans le cadre du projet de loi de financement rectificative (PLFR) pour 2014 qui n’est pas encore définitivement adopté, il a été instauré une réduction d’impôt exceptionnelle (350 euros pour une personne seule, 700 euros pour un couple) pour les Français gagnant jusqu’à 1,13 fois le Smic. Soit quand même 3,7 millions de foyers fiscaux, dont 1,9 million totalement exonérés, selon les calculs du gouvernement.

La « ristourne » va en effet permettre à des Français de ne plus être imposables ou surtout… de ne pas le devenir. Compte tenu des mesures instaurées par le Budget 2014, il y avait des risques pour que des bas salaires entrent dans l’impôt. Parmi ces coups de rabot, on peut citer l’abaissement du quotient familial de 2.000 à 1.500 euros par part, l’intégration de la part patronale de la complémentaire santé d’entreprise dans les revenus, la fiscalisation des majorations familiales de retraite ou encore le plafonnement des niches fiscales (emploi à domicile, dispositifs d’investissement locatif…) à 10.000 euros.

En revanche, ces petites dispositions mises bout à bout vont faire mal, très mal aux classes moyennes. D’après les professionnels, le montant à payer du dernier tiers provisionnel pourrait augmenter pour cette catégorie de la population de 20%, 25%, 30%, voire 40% pour des cadres supérieurs parents de familles nombreuses.

La rentrée s’annonce donc douloureuse pour le porte-monnaie. Alors qu’ils s’apprêtent à partir en vacances, nombre de sacrifiés de l’impôt n’ont pas conscience de ce qui les attend à leur retour. L’annonce du Premier ministre est destinée à rassurer les plus lucides. Reste que, pour l’instant, on ne sait pas où et comment les réductions d’impôt vont intervenir.

Début difficile pour le PEA-PME – Lundi, 7 Juillet 2014

Pour l’instant, le PEA-PME est loin de faire des étincelles. Alors que le gouvernement attend 4,5 milliards d’euros de collecte d’ici trois ans, ce nouveau produit d’épargne aurait attiré seulement 250 millions d’euros, selon une étude de la société de Bourse Arkeon Finance présentée le 18 juin 2014.

Instauré par la loi de Finances pour 2014, le décret d’application de ce plan d’épargne en actions investi dans des petites et moyennes entreprises (PME) et dans des entreprises de taille intermédiaire (ETI) n’a, il est vrai, été publié au Journal Officiel que le 5 mars dernier. Outre ce retard à l’allumage, le périmètre des entreprises « éligibles » pose également problème.

Pour être référencées, les PME et ETI doivent employer moins de 5.000 salariés, réaliser un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan inférieur ou égal à 2 milliards d’euros. Surtout, elles doivent être performantes pour dégager du rendement. Des « pépites » pas faciles à identifier notamment pour les banques qui, pour respecter les ratios prudentiels, se sont désengagées du capital-risque.

D’ailleurs, si la collecte des fonds estampillés « PEA-PME » est si faible, c’est entre autres parce que l’offre est modeste. En réalité, la plupart d’entre eux existaient déjà et ont simplement été rebaptisés par les gestionnaires de fonds pour coller à la mode.

L’autre enseignement de l’enquête d’Arkeon Finance est que le dispositif répond seulement en partie à son objectif, c’est-à-dire le financement des PME et ETI françaises. Sur les 250 millions d’euros collectés, 110 millions auraient été investis dans des entreprises européennes dont une majorité allemandes. Pour respecter le droit européen, le PEA-PME est en effet accessible à toutes les valeurs du Vieux continent. Or, la liquidité des acteurs du « Mittelstand » germanique étant plus importante que celle de leurs homologues tricolores, les gérants français ont intérêt à acheter des titres d’outre-Rhin puisqu’ils sont assurés de les revendre plus facilement sur les marchés.

L’Euro-Croissance touche le « fonds » – Lundi, 30 Juin 2014

Cette fois-ci, les choses n’ont pas traîné. Présentée le 25 juin 2014 en Conseil des ministres, l’ordonnance sur l’Euro-Croissance a été publiée deux jours plus tard au Journal Officiel. Or, comme toujours, le document réserve quelques surprises. Tout d’abord, contrairement à ce qui avait été dit au moment de sa création par la loi de finances rectificative de 2013, il ne s’agit pas à proprement parler d’un nouveau contrat d’assurance vie.

L’Euro-Croissance constitue seulement un nouveau support d’investissement qui présente la particularité d’offrir une garantie sur le capital « à terme » (et non à tout moment comme un fonds en euros). Il sera proposé dans le cadre des contrats multisupports aux côtés des supports en euros et des supports en unités de compte. D’ailleurs, si les fonds Euro-Croissance préservent l’antériorité fiscale du contrat, c’est parce qu’il s’agit techniquement… du même contrat auquel on a ajouté un nouvel actif.

L’assureur peut fixer le seuil de garantie du capital au minimum à 8 ans, mais rien ne l’empêche de le porter à 10 ou 12 ans. Par ailleurs, la garantie peut se situer en deçà de 100% (par exemple, seuls 80% de l’épargne est protégée). L’assuré peut en théorie effectuer des rachats n’importe quand. Toutefois, la compagnie a le droit d’interdire les retraits jusqu’au dénouement. Cette indisponibilité temporaire ne pourra cependant excéder 8 ans et devra comporter des cas de déblocages exceptionnels comme pratiqué dans l’épargne retraite ou l’épargne salariale (licenciement, surendettement, décès du conjoint…).

Pour éviter les dérives, le législateur a prévu qu’une charte de bonnes pratiques de commercialisation soit signée entre les assureurs et les distributeurs. L’épargnant disposera d’un délai de rétractation de 30 jours qu’il pourra exercer par simple lettre recommandée. Le gouvernement mise beaucoup d’espoir sur l’Euro-Croissance. L’exécutif espère que 15% des fonds en euros soient transférés dans des multisupports proposant ce support. Soit la bagatelle de 50 milliards d’euros ! En attendant, un décret et un arrêté sur l’Euro-Croissance devraient prochainement paraître. De nouvelles surprises en perspective ?

La complexe revalorisation des retraites – Vendredi, 20 Juin 2014

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est ce que l’on se dit lorsque l’on se penche sur la revalorisation annuelle des retraites de base de cette année. Au départ, rien de bien méchant. Pour réaliser 1,3 milliard d’euros d’économies sur les 50 milliards annoncés le 16 avril 2014 par Manuel Valls en vue de réduire le déficit public, le gouvernement décide de ne pas indexer les pensions de base par rapport à l’inflation le 1er octobre 2014, mais seulement le 1er octobre 2015.

Premier couac : face à la bronca d’une partie des députés socialistes qui trouvent ce gel inacceptable pour les « petits retraités », le Premier ministre limite la non revalorisation des retraites de base aux seuls Français dont les pensions globales (tous régimes confondus) excèdent 1.200 euros bruts par mois. Plus facile à dire qu’à faire. Dans son rapport annuel sur les finances publiques publié le 17 juin dernier, la Cour des comptes souligne la grande difficulté technique de cette mesure qui, en plus, va réduire de 300 millions d’euros le montant des économies espérées.

Même l’étude d’impact du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS) pour 2014 – le texte dans lequel figure la mesure – estime que sa mise en œuvre sera complexe car elle suppose que les 35 régimes de retraite communiquent entre eux. D’ailleurs, le document évoque la possibilité que les pensions de base des retraités modestes ne puissent être augmentées au 1er octobre prochain. La revalorisation aurait alors lieu « plus tard », sans plus de précision, et serait rétroactive. Bref, c’est plutôt mal parti.

Ce qui n’a pas empêché les députés socialistes frondeurs d’en remettre une couche. Lors de la présentation le 18 juin du PLFRSS 2014 en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, des représentants de « L’appel des 100 » ont réclamé qu’une revalorisation s’applique également aux retraites complémentaires gelées depuis le 1er avril. La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a rappelé aux impétueux que les régimes complémentaires étaient gérés par les partenaires sociaux et qu’une ingérence de l’Etat serait « inédite ». C’est aussi simple que cela.

L’ISF au plus haut – Lundi, 16 Juin 2014

Les « gros patrimoines » avaient jusqu’au 16 juin 2014 pour envoyer au fisc leur déclaration au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il s’agissait en effet de la date limite pour les contribuables dont la valeur du patrimoine taxable est égale ou supérieur à 2,57 millions d’euros. Ceux, dont le patrimoine est « seulement » compris entre 1,3 million et 2,57 millions d’euros, ne disposent pas de formulaire spécifique à remplir et ont dû, comme n’importe quel Français, transmettre à l’administration fiscale leur déclaration de revenus au plus tard le 20 mai pour la version papier et le 10 juin pour la version en ligne.

S’il est donc bien trop tôt pour dresser un premier bilan de la collecte de l’ISF cette année, le cru s’annonce prometteur. Dans le projet de loi de finances rectificatives (PLFR) pour 2014 présenté le 11 juin dernier en Conseil des ministres, les prévisions du gouvernement ont été sensiblement revues à la hausse. L’ISF devrait rapporter 5,29 milliards d’euros à l’Etat, au lieu de 4,65 milliards d’euros initialement attendus. Soit une augmentation de 13,7% par rapport aux projections. Comparé à 2013, la progression s’élèverait à 22% !

Surtout, il s’agirait du montant le plus important de l’ISF jamais enregistré après les 5 milliards d’euros récoltés en 2012. Cette année-là, le plafonnement avait été supprimé (avant d’être réintroduit par le Budget 2013) et une surtaxe exceptionnelle avait été votée par la gauche pour compenser les effets du bouclier fiscal instauré sous Nicolas Sarkozy.

Ici, pas de prélèvements exceptionnels. Deux raisons expliquent la probable collecte record. D’abord, l’afflux d’avoirs détenus à l’étranger (à 80% de Suisse). Suite au durcissement des sanctions, quelque 25.000 dossier ont été déposés à la cellule de régularisation fiscale mise en place par Bercy. De quoi générer 250 millions d’euros de recettes supplémentaires au titre de l’ISF. La collecte de l’impôt de solidarité sur la fortune bénéficie également de la hausse de près de 20% du CAC 40 sur un an. Reste que les 300.000 assujettis devraient, eux, moins profiter du dynamisme des marchés financiers compte tenu de l’absence de revalorisation des seuils d’imposition et de barèmes qui va les pénaliser.

Dépendance Day – Vendredi, 6 Juin 2014

Le « D Day », le jour du Débarquement, n’a pas eu lieu seulement le 6 juin cette année. Le 3 juin, lors d’un Conseil des ministres exceptionnellement tenu un mardi et non un mercredi, a été présenté à la surprise générale le projet de loi relatif à « l’adaptation de la société au vieillissement ». Le fait que le texte soit officialisé le jour même de la manifestation sur les retraites, organisée à l’appel des syndicats et associations de retraités et dont l’une des revendications était justement le vote d’une loi sur la dépendance, n’est peut-être pas le fruit du hasard.

Le projet de loi présenté est le « copier-coller » de celui préparé par l’ex-ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie Michèle Delaunay. Il prévoit toujours un relèvement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour développer le maintien à domicile des personnes dépendantes, la création d’une aide publique pour favoriser l’accès aux technologies nouvelles (domotique, numérique, téléassistance) et une extension des travaux d’adaptation de l’habitat éligibles au crédit d’impôt.

Le texte instaure également une aide aux aidants : 500 euros par an et par personne octroyés pour un hébergement temporaire en structure d’accueil spécialisé pour aménager un « droit au répit » aux proches. Un dispositif d’urgence en cas d’hospitalisation de la personne dépendante serait mis en place. 78 millions d’euros seraient débloqués pour ces deux programmes, selon le dossier de presse du ministère des Affaires sociales et de la Santé.

En revanche, l’aide publique à la souscription d’une assurance dépendance est mal partie. Cette mesure doit être intégrée dans le second projet de loi sur l’autonomie qui va porter sur les maisons de retraite et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Or, la secrétaire d’Etat chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie, Laurence Rossignol, qui a remplacé Michèle Delaunay, a prévenu qu’en cas de dérapage budgétaire, le texte ne serait pas examiné.

Pas grave : seuls 18% des Français à hauts revenus comptent sur l’assurance dépendance pour financer leur perte d’autonomie, selon un sondage dévoilé le 5 juin 2014 et réalisé auprès de 243 personnes détenant un patrimoine (hors immobilier) supérieur à 100.000 euros par l’institut Think pour le compte de la convention des professionnels du patrimoine Patrimonia. La clientèle « patrimoniale » préfère l’assurance vie (56%), les produits d’épargne (52%), les complémentaires santé (41%) et l’immobilier (27%). Pire : les sondés prévoient de préparer leur dépendance en moyenne à partir de… 69 ans ! Soit beaucoup trop tard. A croire qu’ils viennent de débarquer…

Bas de plafond – Mercredi, 28 Mai 2014

La réforme du Livret A ne devrait pas avoir lieu. Dans son édition du 25 mai 2014, Le Journal du dimanche a révélé qu’il n’y aurait pas de doublement du plafond du livret défiscalisé à 30.600 euros comme promis par François Hollande lors de la campagne présidentielle. Après un premier relèvement le 1er octobre 2012, puis un second le 1er janvier 2013, le maximum autorisé devrait donc demeurer à 22.950 euros.

Mais ce n’est pas tout. Interrogé sur RTL au lendemain de l’information du JDD, Manuel Valls n’a pas souhaité démentir la rumeur selon laquelle le taux d’intérêt du Livret A pourrait être abaissé de 1,25% à 1% le 1er août prochain. Un scénario très probable compte tenu de la faiblesse de l’inflation qui sert de base de calcul du rendement de ce produit d’épargne réglementée. Or, cette fois-ci, un « coup de pouce » du gouvernement n’est pas sûr.

Selon l’exécutif, les besoins de financement des HLM seraient suffisamment couverts par les fonds collectés par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) via le Livret A. Par ailleurs, le produit d’épargne préféré des Français n’est plus le chouchou des épargnants. La collecte nette du Livret A est passée de 720 millions d’euros en mars à 390 millions d’euros en avril, selon les chiffres publiés le 21 mai 2014 par la CDC. En comparaison, la collecte nette de l’assurance vie s’est, elle, élevée à 2,1 milliards d’euros, également en avril, d’après les données de l’Association française de l’assurance (AFA) rendues publiques le 26 mai.

Le gouvernement ne verrait pas, dans ces conditions, pourquoi augmenter à tout prix le plafond d’un produit délaissé par les Français du fait…de la baisse inéluctable de sa rémunération. En outre, l’abandon de la réforme permet de calmer le courroux des banques, opposées au doublement. Or, plus que jamais, Bercy compte sur le soutien des établissements bancaires pour vendre l’Euro-Croissance et le Vie-Génération, les deux nouveaux contrats d’assurance vie destinés à financer les entreprises, la nouvelle priorité de l’exécutif.

Protectionnisme financier – Vendredi, 23 Mai 2014

Héraut du patriotisme économique, Arnaud Montebourg s’est trouvé un nouveau dada : l’assurance vie. Le ministre de l’Economie et du Redressement productif a convoqué le 22 mai 2014 à Bercy les représentants de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), l’organisation professionnelle qui rassemble la majeure partie des compagnies dans l’Hexagone, pour les inviter à orienter les presque 1.485 milliards d’euros d’encours du placement préféré des Français dans le financement des entreprises tricolores.

Un protectionnisme financier en quelque sorte. « Les assureurs, investisseurs de long terme, et finalement les Français à travers eux, sont des actionnaires importants de nos grandes entreprises. Ils doivent naturellement jouer un rôle crucial au côté des pouvoirs publics pour garantir notre souveraineté économique », leur a-t-il expliqué selon le communiqué officiel du ministère.

Deux jours avant, le même Montebourg avait évoqué cette idée lors de son audition devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale au sujet du dossier Alstom. Alors que les activités énergie du fleuron français sont en passe d’être vendues à l’américain General Electric, le locataire de Bercy a proposé que l’énorme épargne détenue dans l’assurance vie serve à protéger les sociétés hexagonales de l’appétit des groupes étrangers. Il a même brandi le spectre d’une réglementation. « Nous n’avons jamais encore à ce jour décidé d’augmenter le degré de contrainte sur les compagnies d’assurance pour qu’elles décident d’investir dans des proportions plus importantes dans les grandes entreprises de notre pays. Nous le pourrions », a-t-il menacé.

Reste que l’établissement d’une telle « préférence nationale » serait, sans nul doute, vu d’un mauvais œil par Bruxelles. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nouveau PEA-PME oblige un certain degré d’investissement dans des petites et moyennes entreprises européennes et non uniquement françaises. Mais là où Arnaud Montebourg est le plus de mauvaise foi, c’est lorsqu’il exhorte, toujours dans le communiqué de Bercy, les assureurs à « un déploiement rapide des outils récemment introduits par la Gouvernement ». Le ministre fait référence à l’Euro-Croissance et au Vie-Génération, deux contrats d’assurance vie instaurés par la loi de finances rectificative pour 2013 et qui seront en partie investis dans les PME. Le candidat malheureux à la primaire socialiste oublie juste de dire que les décrets d’application n’ont toujours pas été publiés au Journal Officiel.