Héraut du patriotisme économique, Arnaud Montebourg s’est trouvé un nouveau dada : l’assurance vie. Le ministre de l’Economie et du Redressement productif a convoqué le 22 mai 2014 à Bercy les représentants de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), l’organisation professionnelle qui rassemble la majeure partie des compagnies dans l’Hexagone, pour les inviter à orienter les presque 1.485 milliards d’euros d’encours du placement préféré des Français dans le financement des entreprises tricolores.
Un protectionnisme financier en quelque sorte. « Les assureurs, investisseurs de long terme, et finalement les Français à travers eux, sont des actionnaires importants de nos grandes entreprises. Ils doivent naturellement jouer un rôle crucial au côté des pouvoirs publics pour garantir notre souveraineté économique », leur a-t-il expliqué selon le communiqué officiel du ministère.
Deux jours avant, le même Montebourg avait évoqué cette idée lors de son audition devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale au sujet du dossier Alstom. Alors que les activités énergie du fleuron français sont en passe d’être vendues à l’américain General Electric, le locataire de Bercy a proposé que l’énorme épargne détenue dans l’assurance vie serve à protéger les sociétés hexagonales de l’appétit des groupes étrangers. Il a même brandi le spectre d’une réglementation. « Nous n’avons jamais encore à ce jour décidé d’augmenter le degré de contrainte sur les compagnies d’assurance pour qu’elles décident d’investir dans des proportions plus importantes dans les grandes entreprises de notre pays. Nous le pourrions », a-t-il menacé.
Reste que l’établissement d’une telle « préférence nationale » serait, sans nul doute, vu d’un mauvais œil par Bruxelles. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le nouveau PEA-PME oblige un certain degré d’investissement dans des petites et moyennes entreprises européennes et non uniquement françaises. Mais là où Arnaud Montebourg est le plus de mauvaise foi, c’est lorsqu’il exhorte, toujours dans le communiqué de Bercy, les assureurs à « un déploiement rapide des outils récemment introduits par la Gouvernement ». Le ministre fait référence à l’Euro-Croissance et au Vie-Génération, deux contrats d’assurance vie instaurés par la loi de finances rectificative pour 2013 et qui seront en partie investis dans les PME. Le candidat malheureux à la primaire socialiste oublie juste de dire que les décrets d’application n’ont toujours pas été publiés au Journal Officiel.